American Dirt, de Jeanine Cummins

J’avais lu une critique plutôt élogieuse de ce livre et le fait qu’il se passe au Mexique, pays auquel je suis très attachée, avait alors attiré mon attention. Aussi, en tombant dessus un jour chez Filigranes, je n’ai pas hésité à l’acheter.

American Dirt est l’histoire de Lydia, libraire à Acapulco, qui perd son mari et quasiment tous les membres de sa famille, violemment assassinés par un cartel lors de la fête de quinceañera de sa nièce.

En une après-midi, Lydia passe d’une vie qui la comble à une vie faite de peur, de grande précarité et d’une fuite effrénée avec son petit garçon de huit ans afin d’échapper aux griffes du cartel qui la recherche. Sa destination sera les Etats-Unis. Le lecteur suit leur éprouvante et dangereuse odyssée à travers tour le Mexique jusqu’au désert de l’Arizona, aux côtés de nombreux migrants d’Amérique centrale. L’autrice nous offre alors de touchants portraits de personnages qui fuient la misère, la violence ou les menaces directes pour leur vie.

Bien que le livre ait provoqué une vive polémique aux Etats-Unis à sa sortie - Jeanine Cummins a été accusée d’appropriation culturelle; cette lecture m’a captivée. A aucun moment de ma lecture je n’ai ressenti de la gêne ou de l’indignation. Pour moi, l’autrice a dû énormément travaillé pour écrire ce livre. Elle m’a semblé très informée sur la route empruntée par les migrants ou le sort souvent tragique réservé à ces personnes résolues à “voyager” sur le toit d’un train de marchandises. C’est à mon sens tout à son honneur de jeter la lumière sur la situation des migrants en Amérique et d’ouvrir les yeux des lecteurs occidentaux sur les boucs émissaires favoris des partis d’extrême droite.

Un “page turner”, donc, mais une lecture éprouvante, aussi. L’histoire de Lydia est effroyable, tout comme l’histoire des deux jeunes Honduriennes qu’elle rencontre au début du récit. La vie d’individus prêts à sauter sur un train en marche pour se rapprocher de la frontière avec les Etats-Unis, malgré les risques évidents, les éventuels enlèvements, les vols, les violences physiques, est forcément précaire et dramatique. Et on ne ressort pas indemne d’une lecture pareille.

En tant qu’Européenne, j’ai évidemment pensé aux personnes prêtes à traverser la Méditerranée ou la Manche sur une coquille de noix et qui, parfois, n’y arrivent pas. Il existe très certainement des romans évoquant leur triste sort (je n’ai que Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome en tête) et toute recommandation est la bienvenue.

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