De pierre et d’os, de Bérengère Cournut

Uqsularik, jeune femme inuit, a ses règles pour la première fois en pleine nuit. Ses douleurs sont telles qu’elle sort de l’igloo où elle vit avec ses parents, ses frères et sœurs…au moment où la banquise se craque et la sépare de sa famille. Tout un symbole. Commence alors pour elle un voyage dans une nature au premier abord très hostile, un voyage non seulement pour assurer sa survie mais aussi trouver sa voie.

Au gré de bonnes et mauvaises rencontres, Uqsularik découvrira la sexualité dans un contexte sordide, tombera amoureuse, deviendra maman et sera elle-même adoptée par une chamane. Une rencontre déterminante avec Naja, un chamane venu de loin, lui permettra de trouver ce pourquoi elle est sur terre.

Ce captivant parcours initiatique et hautement symbolique nous fait découvrir la culture inuit, les croyances ainsi que l’admirable adaptation de ce peuple à un territoire essentiellement constitué d’eau sous différentes formes. L’autrice nous fait le cadeau de nous en apprendre un peu plus sur les déplacements et installations des Inuits au gré des saisons, l’indispensable chasse ou pêche d’animaux qui peut parfois être une question de vie ou de mort ou le règlement de différends au travers de puissants chants.

A la fin du livre, elle explique qu’elle s’est énormément documentée et que deux anthropologues ont gentiment relu son livre. Cela se sent. Ce travail quasi ethnologique, que l’on peut donc penser fidèle, d’un peuple méconnu et vivant aux confins de l’Arctique m’a fascinée. Le récit reste cependant romanesque, onirique, parfois, et poétique, souvent. Une très belle lecture, donc.

Donnons la parole à Uqsularik : « Il est normal de donner quelque chose à un angarok qui a soigné votre enfant. Comme aucun des objets que je possédais n’était assez gentil pour l’homme qui a sauvé Hila, je lui ai offert la chaleur de mon corps. Il s’en est emparé plusieurs fois durant la lune qui a suivi son vol magique. Et comme cela nous a plu, nous avons recommencé à la nouvelle, et toutes celles qui ont suivi – jusqu’au grand jour qui dure toujours, au cœur de l’été ».

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