Persuasion, de Jane Austen
Alors que Netflix diffuse depuis le 15 juillet une nouvelle adaptation cinématographique du dernier roman de cette très grande autrice, j’ai à nouveau relu le parcours sentimental tourmenté de la sage, réfléchie mais aussi passionnée (notamment de littérature !) Anne Elliot.
On doit à Jane Austen (1775 – 1817) de grands classiques comme Orgeuil et Préjugés ou Emma, dans lesquels elle dépeint avec intelligence, humour et ironie la petite noblesse, la gentry ou la bourgeoisie rurales. Dans ses romans, que je n’ai pas tous lus (et tout conseil de lecture est le bienvenu), il est question de mariage, de sentiments mais aussi de rentes, de bals ou de vaines considérations nobiliaires (pour mieux les tourner en ridicule avec esprit et malice). Fille de Pasteur, Austen a grandi au sein d’une fratrie de six garçons et deux filles. Comme sa sœur (et grande amie) Cassandra, Jane Austen ne s’est jamais mariée mais il semble qu’elle ait accepté la main d’un jeune homme en 1802 avant de changer d’avis le lendemain. De son vivant, ses romans sont parus anonymement et ont connu un certain succès. Persuasion est paru après sa mort en 1818. C’est son frère Henry qui en a supervisé la publication.
Le personnage principal de Persuasion, Anne Elliot, est restée amoureuse de son ex-fiancé, le capitaine de frégate Frederick Wentworth, qu’elle a quitté huit ans plus tôt, son entourage l’ayant persuadée qu’il n’était pas un bon parti. Or, huit ans plus tard, Anne n’est toujours pas mariée, doit subir son crétin de père et ses sœurs, qui le sont tout autant. Elle est ensuite amenée à recroiser le Capitaine Wentworth, de retour sur terre et en quête d’une fiancée. Autant dire qu’Anne, bien que sage et réfléchie, vit de véritables tempêtes intérieures dès qu’elle croise le regard de celui qu’elle aime toujours et qui ne semble pas avoir digéré la rupture non plus.
La délicate peinture des émotions qui traversent Anne tout au long du récit, le portrait mordant du vaniteux et superficiel Sir Elliot, la réflexion approfondie – à travers différents personnage comme Lady Russell ou Louisa - sur l’influence psychologique que peut exercer les figures d’autorité de notre entourage et l’indépendance d’esprit à ne pas confondre avec l’entêtement borné font de ce roman un petit bijou à conserver très précieusement dans sa bibliothèque.
Laissons le mot de la fin à la brillante Jane Austen, qui emmène Anne en balade à l’extérieur avec sa petite sœur Mary, son beau-frère Charles, les petites sœurs de ce dernier et…Frederick Wentworth : “Anne’s object was, not to be in the way of any body, and where the narrow paths across the fields made many separations necessary, to keep with her brother and sister. Her pleasure in the walk must arise from the exercise and the day, from the view of the last smiles of the year upon the tawny leaves and withered hedges, and from repeating to herself some few of the thousand poetical descriptions extant of autumn, that season of peculiar and inexhaustible influence on the mind of taste and tenderness, that season which has drawn from every poet, worthy of being read, some attempt at description, or some lines of feeling.”