La vie rêvée des plantes, de Lee Seung-U
Hormis la courte biographie trouvée sur le site de son éditeur français Zulma, je ne suis pas parvenue à trouver énormément d’information sur cet auteur coréen apparemment très célèbre au pays du matin calme.
Connaissant ma passion pour la culture coréenne, ma maman m’a gentiment offert ce livre, lu en une semaine (ce qui est rapide chez moi). L’histoire ? L’(anti)héros Kihyon, ado attardé un peu « loser » sur les bords, est de retour chez ses parents où vit également son frère Uhyon, amputé des deux jambes et traumatisé par son handicap. Alors que tout semblé brisé dans cette famille dont chaque membre prend son repas séparément, un mystérieux inconnu demande à Kihyon d’espionner sa propre mère.
Au fil des pages, Kihyon effectue cette mission à contrecœur, essaye de réparer ce qui est réparable dans sa famille et tente surtout de sauver son frère qui part à la dérive. Son parcours l’amène dans un parc où un aliboufier enlace un pin, puis dans une région paradisiaque au Sud de Séoul où pousse un palmier et enfin dans le jardin de son père, qui lui conseille de parler aux plantes. Arbres et plantes sont autant de clefs vers la consolation, la réconciliation et la rédemption (Kihyon se sent responsable du handicap de son frère).
Cette histoire familiale et son lot de drames, les introspections et enquêtes de Khyon qui déterre un passé douloureux sont savamment contrebalancée par la sérénité du monde végétale. Mais sans emphase, sans en faire trop. Et c’est ce que j’ai particulièrement aimé dans ce live à la fois concret, sombre parfois, mais également riche en symboles, en onirisme et en humanité.
Citons l’auteur, pour finir. Kihyon suit les traces de sa maman et se retrouve dans le jardin d’une belle demeure située tout en haut d’une falaise : « Le chemin suivait le bord de la falaise, et là, chose insolite, se dressait une maison. Devant la maison, un palmier cocotier de plusieurs dizaines de mètres s’élançait tout droit. D’être au sommet de la falaise ajoutait à son élan. Pour jaillir si haut, il devait certainement plonger ses racines jusque dans la mer. Les palmes fusaient dans le ciel. Image pour le moins singulière. Je me croyais face à une peinture ou dans un rêve. Mais tout cela était bien réel. Je me suis approché. Ma première impression, pour autant, n’a pas cessé. Je me suis caché derrière un chêne pour mieux voir la maison au palmier. On aurait dit qu’elle cabotait sur la mer. Le palmier lui faisait comme un mât. Un bateau prenait le large, sa mâture dressée dans le vent. Ma mère était-elle à l’intérieur ? »